Lorsqu’un enfant présente une perte auditive, chaque son, chaque mot et chaque interaction comptent. Une prise en charge précoce, individualisée et bienveillante est essentielle pour soutenir son développement et favoriser son épanouissement.
Grâce aux progrès du dépistage à la naissance et à une meilleure information des familles et des professionnels de santé, de plus en plus d’enfants bénéficient aujourd’hui d’un accompagnement adapté dans un cadre rassurant et structuré.
Parmi les solutions disponibles, les aides auditives jouent un rôle clé : elles permettent à l’enfant d’accéder aux sons et au langage dès le plus jeune âge.
Dans cette vidéo, Hubert Gauthier et Cyrielle Riccobene, audioprothésistes D.E et coordinateurs du pôle d’expertise Pédiatrique d’Audika vous expliquent les spécificités de la prise en charge auditive chez l’enfant, les différentes solutions existantes ainsi que l’importance d’un suivi sur mesure qui évolue au rythme de l’enfant. Audika s’engage aux côtés des familles, de la petite enfance à l’adolescence, avec une expertise spécialisée, un accompagnement attentif et des solutions conçues pour chaque enfant.
Interview – Perte auditive chez l'enfant (Audika)
Q. Comment savoir si un enfant a des problèmes d’audition ?
R. Chez les tout-petits, chez les bébés, le dépistage est néonatal, donc réalisé à la maternité. Pour les plus grands, lorsque la surdité apparaît après la naissance, c’est souvent au moment de l’acquisition du langage que l’on s’en aperçoit : lorsqu’on constate que l’enfant réagit moins quand on l’appelle, qu’il faut répéter plusieurs fois, qu’il ne réagit pas à des sons très forts, ou encore que son langage ne se développe pas. Ce sont déjà des signes qui peuvent annoncer un problème auditif.
Q. À quel âge un enfant est-il pris en charge par un(e) audioprothésiste expert en pédiatrie ?
R. Avec le dépistage néonatal, en place depuis 2012, on peut s’apercevoir dès la naissance qu’un enfant présente un problème auditif. Nous pouvons alors recevoir dans nos centres spécialisés pédiatriques des bébés dès l’âge de 4 à 6 mois, afin de les rencontrer et d’accompagner leur famille.
Q. Comment est née cette expertise pédiatrique chez Audika ?
R. Les pôles d’expertise sont nés d’Audika Kids, créé au début des années 2000. À l’origine, il s’agissait d’un regroupement d’audioprothésistes spécialisés en appareillage pédiatrique, qui ont souhaité partager leur expérience et développer cette expertise au sein du réseau Audika dans toute la France, afin d’aider le plus grand nombre d’enfants et de familles à bien grandir.
Q. Comment les audioprothésistes experts en pédiatrie sont-ils formés chez Audika ?
R. Nous sommes déjà tous formés en centre, mais notre métier évolue sans cesse : la technologie progresse, les pratiques de soin aussi. Nous avons donc besoin d’échanger régulièrement. Nous sommes tous experts, mais nous avons cette envie d’aider au mieux nos jeunes patients et leurs familles. Nous nous appelons souvent, nous organisons des réunions au moins deux à trois fois par an pour discuter des problématiques rencontrées : c’est une véritable formation continue, nourrie par l’expérience.
Q. Quelles sont les spécificités de l’appareillage auditif chez un enfant ?
R. Un enfant n’est pas un petit adulte, tout est différent. Avant tout appareillage, il faut un médecin ORL. Pour les bébés, grâce au dépistage néonatal, l’enfant aura forcément vu un ORL pédiatrique. Dès qu’ils sont un peu plus grands, il faut aussi qu’ils soient adressés à un ORL pédiatrique dès qu’un doute existe sur leur audition. Une fois le diagnostic posé, l’ORL prescrit une aide auditive. Nous recevons alors l’enfant en laboratoire : nous l’accompagnons, nous déterminons le meilleur appareillage pour l’aider à grandir et à évoluer confortablement, lui et sa famille.
Q. Comment expliquer ce qu’est un appareil auditif à un enfant ?
R. Nous avons un super collègue : Billy, notre mascotte. Billy est un zèbre qui porte des appareils auditifs. C’est un moyen de montrer aux enfants qu’ils ne sont pas seuls, qu’ils peuvent eux aussi bien entendre et s’épanouir. Nous avons aussi créé tout un ensemble de fiches destinées aux enfants plus grands et à leurs familles pour expliquer ce que sont les problèmes auditifs et comment mieux participer en classe grâce à leur appareil. Actuellement, une dizaine de fiches sont remises aux parents lors du premier rendez-vous.
Q. Comment se déroule une première séance entre un(e) audioprothésiste expert en pédiatrie et un enfant ?
R. Chaque enfant est différent. Nous voulons tester l’audition, mais si l’enfant n’a pas envie, on n’y arrivera pas. Au début, nous apprenons à nous connaître et à accompagner les familles : c’est essentiel, car la situation est souvent difficile à accepter. Nous sommes donc dans l’accompagnement et la guidance parentale. Si tout se passe bien et si l’enfant veut collaborer et jouer, nous pouvons tester son audition dès les premiers rendez-vous.
Q. Quels sont les outils utilisés pour tester l’audition chez l’enfant ?
R. Nous disposons du même matériel qu’à l’hôpital. Nous parlons souvent d’audiométrie comportementale, car si l’enfant n’a pas envie de participer, il faut l’aider. Sous forme de jeu, cela fonctionne beaucoup mieux : on le conditionne à réagir à certains sons, et lorsqu’il réagit, il reçoit une récompense visuelle (un petit dessin animé, un petit train lumineux, des marionnettes…). Cela nous permet d’obtenir des réponses fiables. Chez Audika, tous les experts du pôle pédiatrique disposent du matériel nécessaire pour accueillir parents et enfants dans les meilleures conditions possibles et réaliser des tests aussi fiables qu’à l’hôpital.
Q. Comment accompagnez-vous les familles dans cette aventure ?
R. Nous accompagnons les enfants tout au long de l’appareillage. Quand l’enfant grandit, son audition peut évoluer : nous le suivons donc sur la durée. Accompagner, c’est aussi ne pas être seuls autour de cet enfant. Les parents ont un rôle majeur : ce sont eux qui surveillent l’évolution de leur enfant. Nous travaillons beaucoup avec les orthophonistes – les enfants appareillés en voient souvent une – mais aussi avec le personnel de crèche ou les instituteurs. En cas de doute sur l’évolution de l’audition, nous sommes immédiatement en lien avec le médecin ORL pédiatrique.
Q. Quelles sont les inquiétudes que peuvent avoir les parents ?
R. La grande inquiétude lorsqu’on diagnostique une surdité, c’est : est-ce que mon enfant va entendre, mais surtout est-ce qu’il va parler ? Notre rôle n’est pas de prédire l’avenir. Ce que nous pouvons faire, ici et maintenant, c’est tout mettre en œuvre pour aider l’enfant à trouver des solutions et l’accompagner du mieux possible.
Q. Pouvez-vous nous partager une expérience marquante vécue avec un(e) jeune patient(e) ?
R. Beaucoup de choses marquent, mais une expérience en particulier m’a touchée : un bébé de 4 mois, accompagné de sa maman. Au moment où nous avons allumé ses deux appareils, il a ouvert grand les yeux, peut-être en entendant de nouveaux sons, et surtout sa maman lui a parlé. L’enfant a eu un immense sourire, et sa maman, émue, a eu les larmes aux yeux… qui m’ont émue à mon tour. Ce moment a été pour moi un véritable déclic, la confirmation que j’étais fait pour ce métier.
Q. Auriez-vous un conseil d’expert à partager avec nous ?
R. Enfin, il faut écouter les parents : mamans et papas ont souvent raison lorsqu’ils ont un doute sur leur enfant. Ce sont eux, en réalité, les premiers experts.